Yannick Choirat : par amour des je(ux)

interview Yannick choient

Lucie : Une question que je pose tout le temps : qu’est ce qui t’a donné envie de devenir comédien ?

Yannick Choirat : Je crois que c’est le premier film que j’ai vu enfant : c’est un désir qui vient de très loin je n’étais pas du tout dans une famille d’artistes et même si mes parents n’étaient pas cinéphiles, ils étaient en tous cas cinéphages ce qui fait qu’il y avait énormément de vidéos à la maison.
J’avais 5 ans quand j’ai commencé à voir mes premiers films. J’ai alors vu E.T., et plus tard, adolescent, je regardais beaucoup de films d’action avec mon père.
Quant au théâtre, c’est en 6ème que j’ai commencé à en faire.

Lucie : Tu as tourné pas moins de 4 fois avec J-Xavier De Lestrade, est-ce que cette relation de travail se mue en amitié après 4 films ?

Yannick Choirat : On a une relation très forte, même si on ne se voit pas beaucoup car il est très occupé et moi aussi mais quand on se voit c’est comme si on s’était quitté hier, c’est une vraie complicité.
Et même dans le travail on se connaît bien, donc ça peut aller vite de chercher ensemble bien que ce soit toujours intéressant de se laisser surprendre.

Lucie :  Toujours dans les chiffres : ta carrière au cinéma affiche 44 rôles, as-tu moins d’appréhension quand il s’agit d’un plus petit rôle que pour d’autres pour lesquels tu as beaucoup plus de jours de tournage ?

Yannick Choirat : J’ai plus d’appréhension avec les rôles moins importants parce qu’en jouant un rôle installé, on est au travail, on sait qu’on va pouvoir l’incarner sur le long terme.
Quand on a un premier rôle sur une série on sait qu’on va accueillir tous les autres acteurs et actrices pour  former tous ensemble une sorte d’unité et je trouve ça super.
Et donc à l’inverse, c’est  souvent plus délicat car on sait qu’il faut être là au bon moment.

C’est ce que m’avait dit Audiard quand j’avais joué dans De rouille et d’os : « C’est one shot ».

Ça ne veut pas dire qu’on le fait en une prise mais seulement que le personnage est peu présent, donc il faut qu’il existe très fort. On dit « Il n’y a pas de petit personnage » et c’est vrai, car tous existent… mais voilà, comme j’ai eu la chance de pouvoir aussi incarner des rôles principaux, j’ai effectivement pu saisir cette différence essentielle.

L : On t’a récemment vu sur France 2 dans des rôles plus sombres et infiniment complexes : Maurice Agnelet pour l’un (Tout pour Agnès de Vincent Garenq), et un voisin disons indélicat pour l’autre (Les malvenus de Sandrine Veysset) : est-ce plus intéressant pour le comédien que tu es d’incarner ce genre de personnages ?

Y.C. : Bien sûr, ce que tu vas chercher dans des zones sombres est forcément plus intéressant, incarner les complexités de l’âme humaine sera toujours plus riche, notamment avec des personnages aussi retors qu’Agnelet par exemple. Ça met en jeu des conflits intérieurs qui sont plus forts et  c’est intellectuellement très motivant d’essayer de transposer ça dans le jeu, de plusieurs manières différentes d’ailleurs ; c’est ça qui m’excite dans ce métier.

 

J’ai joué beaucoup d’antagonistes comme on peut les appeler, certains diraient méchants, même si je n’aime pas trop ce mot.

Mais j’aimerais bien maintenant pouvoir aussi jouer des personnages un peu plus porteurs d’espoir, dans la période actuelle, il me semble qu’on en a besoin. Ce qui me permettrait aussi de dévoiler d’autres facettes de mon jeu.

L :  A l’heure où on se parle, tu auras ce soir ta 1ère de la dernière pièce de Joël Pommerat : dans quel état d’esprit es-tu ?

Y.C. : La RE première ! C’était une création d’il y a onze ans mais on l’a remise en scène avec Joël car désormais on joue dans une salle à l’italienne alors qu’avant c’était un spectacle en bi-frontal, c’est-à-dire avec un public de chaque côté.

Contrairement à son titre (La réunification des deux Corées), le spectacle ne parle pas de géopolitique mais d’amour, à travers 19 tableaux qui n’ont rien à voir les uns avec les autres si ce n’est ce thème commun qu’est l’amour, les relations affectives et les affres qu’ils occasionnent. Ce sont des situations de crises amoureuses à chaque fois complexes et paroxystiques.

Je suis un peu anxieux car ce soir c’est la première mais j’aime tellement ce spectacle, dans ce qu’il raconte et la manière dont il le raconte que j’ai hâte de transmettre ces émotions-là aux spectateurs !

C’est vraiment un spectacle d’un lyrisme absolu, qui peut encore me faire pleurer quand je regarde les scènes de mes partenaires, des coulisses. Il me touche en effet beaucoup à la fois par son mélange d’humour et de mélancolie.

L : Quels sont tes projets dans les mois à venir ?

Y.C. : On joue ce spectacle jusqu’au 14 juillet, mais pendant ce temps je vais descendre à Montpellier pour jouer tourner « Les disparues de la gare » de Virginie Sauveur. La série sera diffusé sur Disney+.
J’ai aussi quelques films dans lesquels j’ai fait des participations qui vont sortir, notamment celui de Laurence Arné qui s’appelle La famille Hendricks et qui est pour le coup une comédie sur une famille recomposée, avec Dany Boon. J’incarne l’ex-mari de Laurence. Il s’agit d’un « feel good movie » à la française qui sortira fin juin. J’avais aussi fait la scène d’ouverture de Xavier Gens, Sous la Seine, pour Netflix.

L : J’ai vu aussi que tu avais une série sur une autre plateforme Homejacking  d’Hervé Hadmar…

Y.C. : Oui sur OCS, c’est vraiment une série qui est construite par les scénaristes (Tigran Rosine et Florent Meyer) comme un kaléidoscope. Tout est articulé autour d’un événement et chaque épisode va donner un autre point de vue sur cet évènement, et tu comprends peu à peu pourquoi survient cette prise d’otage dans cette maison.

L : Un peu comme la série Sambre en fait, non ?

Y.C. :  Dramaturgiquement, oui, un peu, tu passes par plusieurs par personnages et plusieurs époques mais ce n’est pas du tout le même traitement, ni le même sujet. Homejacking est une pure fiction, qui fraie avec le genre du thriller, là où Sambre évoque avec maestria des faits terribles et malheureusement bien réels, eux.

Un grand merci à Anne Pourbaix qui a permis cette entrevue et bien-sûr à Yannick Choirat, pour m’avoir accordé de son temps.

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