Nos femmes : Simon, Max, Paul et les autres

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Cette pièce est un triomphe, et on comprend très vite pourquoi. A la fois dans l’air du temps et terriblement intemporelle, Nos femmes aborde des  thèmes dans lesquels tout à chacun peut se reconnaître : le couple, l’amitié, les convenances, l’hypocrisie, la liberté aussi. A travers le portrait de trois amis, époux épris de liberté mais enfermés dans des carcans ou des schémas de vie, Eric Assous livre une pièce savoureuse et remarquablement interprétée.

(c) Céline Nieszawer.
(c) Céline Nieszawer.

Les illusions confortables

Paul, Simon et Max (Richard Berry, Patrick Braoudé et Jean Reno) sont trois amis installés dans leur vie, leur couple, leur profession. Si le côté professionnel est plutôt au beau fixe, leur couple semble battre de l’aile. Max vit séparé, et l’épouse de Paul, Karine, passe ses soirées à hiberner. Quant à celle de Simon… il prétend l’avoir tué. Le soir où il a commis son geste, tout vola en éclat. Ses amis ont dû reconsidérer bon nombre de certitudes : la confiance, l’amitié, la loyauté, aussi. Que doivent-ils faire ? Enfreindre la loi en aidant Simon à travers un alibi fumeux, ou dénoncer leur ami à la police pour s’épargner eux-mêmes ? Devant ce choix cornélien, ils doivent peser le pour et le contre. Mais la nuit, à défaut de porter conseil, apporte parfois son lot de surprises, lesquelles peuvent renverser la situation pour un bon moment.

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Trois types à part

Paul (Richard Berry) incarne un rhumatologue qui semble à l’aise dans ses Berluti, il s’exprime avec une aisance déconcertante et quand il est contrarié, il crie plus fort que les autres. Plus fort que Max (Jean Reno), qui incarne une la tempérance, la raison également. Maniaque au point de faire la vaisselle alors que sa femme de ménage vient le lendemain, il aime que chaque chose soit à sa place, y compris ses vinyles et ne supporte pas le moindre grain de poussière sur ses meubles. Sa seule excentricité ? NTM (feu le groupe de rap), le voir onduler sur Ma Benz est un moment de bonheur à l’état pur ! Il n’a d’ailleurs aucune envie d’avoir des soucis avec la justice, et a pris le parti, dès le début, de dénoncer son ami Simon (Patrick Braoudé). Coupable du meurtre de sa femme, commis dans un élan de folie, Simon représente tout ce que ses deux amis ne sont pas. Il porte un pantalon orangé, des bagues aux doigts, des chaines dorées et des bracelets en cuir. (Savoureux !) Pourtant, derrière cette excentricité, il semble lucide sur sa vie. A travers son geste fou, il a exprimé toute sa frustration, celle d’être marié à une femme qui n’est définitivement pas faite pour lui. Grâce à lui, même indirectement, ses amis gagneront en clairvoyance durant cette nuit qui bouleversera le cours de leurs existences.

Une mise en scène efficace

Tout a été minutieusement pensé. Richard Berry signe une mise en scène astucieuse, et très bien vue. Question décors, le spectateur ne peut que se réjouir face à l’appartement de Max (Jean Reno), dans lequel tout est très bien agencé, et avec goût. Si on reproche au personnage son côté maniaque, on ne peut qu’apprécier son sens de l’esthétisme (et surtout celui des chefs déco), aucune faute de goût n’est commise. Enfin, et c’est assez rare pour le souligner, les lumières sont également sublimes, mettant vraiment en valeur la pièce. Très réaliste lorsqu’il s’agit d’imiter celle du jour, la lumière de Nos femmes, est celle « d’un chef opérateur de cinéma qui a travaillé pour donner ce côté réaliste à la pièce »  comme le précise Patrick Braoudé (Simon dans la pièce). Avec de tels ingrédients, on ne peut qu’être séduit.

 

« Nos femmes », jusqu’au 22 mars, du mardi au samedi à 21 heures, le dimanche à 15 h 30. Au Théâtre de Paris, IXe. De 25 à 70 €. Tél. 01.48.74.25.37.

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