Pierre Niney, un homme idéal et ses faux semblants

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Pierre Niney revient dans un rôle complexe, à la fois sombre et solaire. Pour le thriller ensoleillé de Yann Gozlan, il incarne un aspirant romancier rejeté par les éditeurs, qui tombe sur un journal de guerre. Rédigé par un ancien soldat lors de la guerre d’Algérie, ce manuscrit se révèle passionnant. C’est alors que Mathieu (Pierre Niney) décide de le publier en son nom, se rendant alors coupable d’une grande imposture. Mais jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour sauver les apparences ?

L’indéchiffrable ambivalence de l’être

Le réalisateur pose la question du bien et du mal, sans jamais les opposer. Bien loin d’un manichéisme cliché, le personnage de Mathieu incarne cette oscillation permanente entre ses deux opposés : de nobles intentions et les moyens les plus vils pour y parvenir. Avec sa gueule d’ange, on lui accorderait une confiance aveugle, c’est ce que fera d’ailleurs Alice Fursac (Ana Girardot). En la séduisant lors d’un cocktail célébrant la sortie de « Sable noir », le livre (plagiat) dont il s’est accordé la primeur, on comprend alors toute l’importance qu’il lui accordera par la suite. D’ailleurs, on ne peut s’empêcher de penser que tout ce qu’il met en oeuvre pour dissimuler la vérité, c’est avant tout pour préserver sa relation idyllique avec la belle Alice. Sorte de sylphide, elle est décrite comme une femme exigeante, « qui passe la barre très haut ». Dès lors, Mathieu ne se sent pas capable de la décevoir. Il sera prêt à tout pour elle, et même le plus inimaginable.

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Un homme à bout de souffle

Pierre Niney incarne un homme accablé, rongé par ses mensonges, un personnage en pleine décadence. Sombrant peu à peu dans des abimes dont il ne verra pas l’issue, Mathieu se retrouve pris à la gorge. Dépassé par les évènements, cerné de malveillance, il n’aura d’autre choix que celui de mettre un terme à cette spirale diabolique, fût-ce par des moyens radicaux. Le jeune comédien incarne à merveille cet homme épuisé, rongé par le mensonge et qui n’en peut plus d’incarner un personnage en permanence. On devine la crainte, l’épuisement moral et la grande détresse psychologique de cet homme, rattrapé par des évènements plus ou moins tragiques. Le film est d’ailleurs formidablement réalisé, les plans sont inspirés et les mouvements de caméra, très stylisés.

Pour autant, là où le personnage excelle c’est lorsqu’il s’agira de donner le change, d’incarner le gendre idéal face à une belle famille qui ne semble vivre que pour l’excellence. Au fond, on ne sait si les parents d’Alice l’apprécient réellement au fond.

Des accents faustiens

En usurpant son talent, Mathieu pactise avec le diable. Dès lors qu’il vole le travail d’un mort, il s’enferme dans un engrenage qui ne fera que  dégénérer. Prêt à tout pour garder les apparences sauves, le jeune auteur se mettra alors dans une situation encore plus délicate que celle de départ, dont il redoutait qu’elle fût publique. Finalement, ses choix lui permettront d’être réhabilité, mais au sacrifice de ce qu’il semblait avoir de plus cher. Sa relation avec Alice paraissait pure, ils avaient l’air de se suffire à eux-mêmes, ne formant presqu’un. Sensuels et tendres, ils incarnaient l’idée du couple parfait. Au même titre qu’il n’y a pas de couple idéal, il n’y a d’homme idéal. Reste ce film, dans la lignée de Plein Soleil ou de la Piscine, ou l’ombre de Delon plane à l’instar de celle des autres scénaristes qui se sont déjà frottés au sujet.

Sortie le 18 mars

 

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