Back to Black : Amy à ses démons

AmyDocumentaire

En compétition officielle à Cannes, le documentaire consacré à la chanteuse Amy Winehouse s’est largement fait remarquer. On comprend désormais pourquoi : lumineux, sensible et délicat, il présente la chanteuse avec force et subtilité. Bouleversant.
amy, documentaire

Amy Winehouse, la musique et rien d’autre

 Si le film évoque tous les aspects de la vie d’Amy, ce qui le rend si intéressant, il se concentre bien évidemment sur sa musique. Donnant alors les clés de ses textes, le réalisateur Asif Kapadia met en lumière tous les aspects de la vie de la chanteuse, et même les plus personnels. En tant que spectateur, on comprend alors pourquoi elle écrit « Back to Black »-suite à une rupture difficile. Comme tant d’autres, certes. A la différence près que, n’est pas Amy qui veut ; qui veut n’a pas son talent, encore moins sa voix, sa verve et sa poésie.

Moi Amy, 20 ans, droguée

La drogue, celle qui causa sa perte, est largement évoquée dans le documentaire. A partir du moment où elle se remet avec son petit ami, Blake (précédemment évoqué comme lui ayant inspiré le célèbre « Back to black »), Amy se drogue, pour le suivre, par amour, par abnégation. Le problème se posant alors : l’addiction. Cette dernière, grandement traitée, n’est hélas pas le seul mal dont souffre Amy. Boulimique depuis l’adolescence, elle assume cette maladie sans pour autant la soigner. Ce sont en effet les troubles nutritionnels, l’alcool et la drogue qui auront raison d’elle ce 23 juillet 2011.

amy
Extrait du documentaire, Amy et Blake, son mari.

Amy et l’absence du père

Amplement exploitée, la figure psychanalytique du père semble être à l’origine des démons d’Amy. Une absence flagrante suite à un adultère non assumé, qui n’a conduit le couple parental à la rupture que 9 ans après le début de la dite relation. Une catastrophe pour la jeune Amy qui a clairement manqué de repères, et d’un père. A l’origine de sa boulimie, de sa propension à plonger dans les paradis artificiels aussi. Au fond, le succès, très peu pour la principale intéressée. Lorsqu’elle était à un tournant de sa carrière, bien des années après « Franck » et surtout « Back to black », la star acceptait sans ciller les rêves mégalomanes paternels. En prétendant tourner un documentaire sur lui, le père d’Amy se servait en réalité, et ce de manière évidente, de la fascination qu’inspirait sa fille, quitte à consentir à ce qu’elle devienne une bête de foire, pourtant loin d’être bête.

D’une intelligence rare, sous une langue poétique et acerbe, Amy Winehouse, c’est avant tout un talent jazz comme on en connaît peu, ou pas, depuis l’entrée dans le XXIème. Ce documentaire, c’est ce talent qu’il met en avant, un talent ravagé par une célébrité trop soudaine. Comme Amy le disait si bien « elle en mourrait ». Hélas, si elle avait pu se tromper.

Share