Découvrir Revoir Paris

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Pour son 4è film en tant que réalisatrice, Alice Winocour a de nouveau choisi une femme pour incarner son héroïne. Après Augustine, Jessie (Diane Kruger dans Maryland) et Sarah (Eva Green, Proxima) , c’est désormais à Mia qu’on s’intéresse, incarnée par l’omniprésente Virginie Efira. L’intrigue prend place au cœur des attentats du 13 novembre. Premier film à traiter du sujet, il sera suivi par deux autres.

Revoir Paris, ses attentats au cœur

Naïvement ou non, on pourrait imaginer que le film prend place après les attentats, les laissant alors en toile de fond. Or ce n’est pas le cas : la réalisatrice a décidé de les montrer, avec pudeur certes, pour mieux comprendre ensuite le mécanisme à l’œuvre : celui de la mémoire traumatique. En effet, le personnage de Mia ne se souvient pas de ce qui s’est passé lorsqu’elle était présente à l’Etoile du Nord, bistrot parmi tant d’autres visé par les terroristes. Après des mois, une blessure sur le flanc, les souvenirs demeurent effacés.

Il lui faudra recomposer ce puzzle, à la manière d’une véritable enquête. Et comme toujours, ce sont des choses qu’on ne peut faire seul.e.

Revoir Paris, un éclairage social nouveau

Au cours de son enquête, Mia découvrira que du personnel de restauration ont été comme oubliés du recensement des morts ou vivants, comme absents de cette horreur à laquelle ils ont pourtant été confrontés, certains au péril de leur vie comme toutes ces victimes tristement aléatoires.

En réalité, on comprend que les restaurants employaient bon nombre de migrants sans papiers, et que pour ne pas avoir de problèmes, ils avaient nié leur existence même et donc leur funeste participation à ces attentats.

« J’ÉTAIS MOINS INTÉRESSÉE PAR L’ATTENTAT LUI-MÊME QUE PAR LES TRACES QU’IL LAISSE SUR LES VICTIMES » (Alice Winocour)

(c) Dharamsala - Darius Films - Pathé Films -France 3 Cinéma
Crédit photo Dharamsala – Darius Films – Pathé Films -France 3 Cinéma

Revoir Paris, un portrait de femme (s)

Si Mia était dans le déni de la réalité des évènements qu’elle a vécus, elle était également dans une forme de déni de son existence. Comme beaucoup de gens, elle travaillait, avait un compagnon, pensait être heureuse ou plutôt n’y pensait même pas. Impuissant face à son traumatisme, Vincent (Grégoire Colin) tente de l’épauler comme il peut, avec une maladresse sincère.

Or ce n’est pas de lui dont elle a besoin, c’est de quelqu’un d’autre, et ce quelqu’un a lui même besoin d’une autre que son épouse. Ce qui est classique dans ce genre de situations, c’est que les proches ne peuvent souvent rien faire. Seuls ceux qui y étaient le peuvent. Thomas, en l’occurrence (Benoit Magimel, qu’on voit assez peu dans le film contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer). Le personnage a toute la malice de sa jeunesse, on peut çà et là y revoir Momo en filigrane, car sa bouille enfantine n’a rien à voir avec les années.

Enfin il y a ces femmes qui aident Mia : la responsable d’une association et cette autre jeune fille qui a perdu ses deux parents lors de l’attaque.

Tout ce qui reste de ce film, c’est l’entraide, l’idée que sans les autres nous ne sommes et ne pouvons rien.

Offrant à Virginie Efira probablement son plus beau rôle, ce film est une réussite. Aucun plan n’est gratuit et l’émotion est au diapason, oserais-je écrire à la hauteur des évènements. 

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