Mon roi des connards

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Une histoire d’amour accélérée

Tony, (Emmanuelle Bercot) avocate d’une trentaine d’années rencontre Georgio (Vincent Cassel) une nuit et depuis, tout est allé très vite. Elle s’installe chez lui immédiatement.  Ils ne se connaissent alors qu’à peine que déjà l’homme au caractère bien trempé lui demande un enfant. Georgio est un conquérant : il exige et on lui obéit, qu’importe les moyens, seule compte la fin. Par amour, par abandon, Tony accepte et tombe rapidement enceinte. Ils se marient dans la foulée et dès lors, leur histoire va prendre un tout autre tour.

Une femme sacrifiée

Lors de sa grossesse, la jeune femme devra accepter d’être seule la plupart du temps. En raison de la tentative de suicide de son ex, le futur père ne se montrera que très peu présent pour Tony et leur enfant à venir, préférant s’isoler dans un nouvel appartement pour éviter les crises de larmes d’une future mère déjà à bout de souffle. Cette notion de la femme sacrifiée traverse le film de Maïwenn de part en part. En tant que spectateur on ne peut s’empêcher de compatir et de l’accompagner dans sa souffrance quotidienne.

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Une femme au bord de la crise de nerfs

Ce que Maïwenn dépeint  avec beaucoup de génie, c’est la lente agonie de Tony. Bien sur, l’interprétation d’Emmanuelle Bercot, couronnée de la Palme au dernier festival de Cannes y contribue très largement. On assiste à la descente progressive vers le malheur d’une femme. Alors enceinte de son premier enfant, elle pleure en permanence à cause de l’absence de Georgio, et de ses reproches perfides. À bout, elle a recours aux médicaments, ce qui marquera le début de cet abandon aux anxiolytiques et autres régulateurs d’humeur.

Vers une reconstruction ?

Aveuglée par l’amour inconditionnel qu’elle porte au père de son enfant, Tony mettra du temps avant de pouvoir se reconstruire. Le parallèle dressé par la réalisatrice entre une convalescence suite à une chute au ski et cette histoire d’amour qu’elle se remémore est assez saisissant. La narration est amenée de telle manière que l’on est jamais perdu. Ce qu’il y a de prodigieux  dans le film de Maïwenn c’est cette vérité des sentiments, cette espèce d’absolu dont Tony est emparée et qui peinera à se dissoudre si tant est que cela soit possible.
Son phare dans la nuit ? Son frère, joué par un Louis Garrel drôle, bienveillant et comme on le voit peu au cinéma. Un rôle qui lui va pourtant si bien…

D’aucuns diraient que Mon roi traite d’un amour masochiste, de pervers narcissique : ce film c’est une ode à l’amour qui n’est pas fait pour nous mais auquel on s’accroche parce que précisément on souhaite changer ceux qu’on aime, bien que ce soit une pure illusion. Hélas.

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