Alors tout d’abord Raphael, où sont les chocoletti ?
Sur son Facebook, Raphaël avait promis des chocoletti à tous les spectateurs qui iraient voir la stratégie de la poussette à sa sortie.
Je suis désolé je me suis embarqué dans ce mensonge terrible.
En bref on ne les aura jamais
Non ce n’est pas ça, c’est à dire que j’ai été dépassé ; je ne pensais pas qu’il y aurait autant d’entrées le premier jour j’ai calculé (…) et quand j’ai dit ça, je ne pensais pas que Chocoletti existait encore, pour moi c’était vraiment un truc de vieux cinoche d’il y a 10 ans. Et quand je me suis rendu compte que ça existait encore, j’ai pensé à tout l’argent que ça coûterait surtout pour 30000 personnes. Donc je suis absolument désolé…
Personnaz, c’est ton vrai nom ?
Waouh, la question ! Euh…oui tout à fait…
C’est tout à fait mon vrai nom, et j’ai appris plus tard que c’est un nom qui a été employé dans un film de Bergmann où un des personnages s’appelle « Personnaz » (dit il avec l’accent allemand)
Tu es à l’affiche de trois films, dans un laps de temps assez réduit (Trois mondes, la stratégie de la poussette et after) ne serais tu pas un boulimique du travail ?
Non mais là où je n’ai « pas de chance », c’est que tous les films que j’ai fait en deux ans sortent en 6 mois de temps, donc on a l’impression d’un mec qui a un besoin frénétique de travailler, mais « After » c’est un film qui a été tourné il y a deux ans et qui ne sort que maintenant, les « trois mondes », ça a été tourné il y a 1 ans 1/2 et devait sortir en mai mais comme il a été pris à Cannes on a retardé la sortie. « La stratégie » est sortie un peu en même temps…mais comme ce sont des styles différents …
Justement, est ce que ce n’est pas trop difficile d’incarner des personnages diamétralement opposés, je songe notamment aux trois mondes de Catherine Corisini où tu interprètes un personnage torturé et taciturne mais aussi dans la Stratégie de la poussette de Clément Michel où le personnage de Thomas Platz est vraiment comique, alors, pas trop difficile d’incarner tour à tour ces personnages diamétralement opposés ?
Moi j’aime ça car quand tu sors du film de Corsini, qui est dur à joue, tu n’en sors pas indemne. Juste après, j’ai fait la stratégie avec Clément donc au contraire c’est une bonne récréation et faire un drame avant une comédie, ça apporte car dans le film de Clément, ce ne sont pas des gags, il n’y a pas de réel comique dans la mesure où les situations sont complètement absurdes. Si tu arrives et que tu le joues au 4è degré, ça ne marche pas. Donc je pense qu’il fallait avoir le plus de sincérité possible pour Thomas Platz qui s’enferme dans le mensonge. Mais passer d’un drame à une comédie ça suppose de la sincérité, c’est le leitmotiv.
Puis quand j’ai commencé à pratiquer ce métier, à 12 ou 13 ans, c’est ça qui me faisait marrer, c’était comme un gamin qui rentre costumé, c’est aussi l’intérêt de ce métier, faire le même film éternellement, c’est pénible. Certains l’ont fait, mais je pense qu’au bout d’un moment, moi je m’épuiserai.
Peut être qu’avec le temps mes goûts vont d’affiner et que j’irai vers une direction plutôt qu’une autre…
Tu viens du théâtre c’est ça ?
Oui tout à fait.
Et les planches ne te manquent elles pas ?
Si elles me manquent mais c’est tellement éloigné la pratique théâtrale et celle du cinéma ; ce sont 2 styles de jeu extrêmement différents mais qui peuvent se nourrir l’un l’autre, c’est à dire que le théâtre peut nourrir celui du cinéma et inversement.
Si ça me manque parce que c’est la base d’arriver devant des gens et un soir ça va être super, l’autre complètement pourri, on ne sait pas pourquoi. Ca remet les idées en place de se confronter à ce public là mais ceci dit sur un plateau de cinéma tu as quand même des techniciens (50, 100) et qui sont quand même le premier public du film, donc cette interaction tu peux l’avoir aussi sur un plateau.
Raphaël, tu viens d’une famille pas du tout originaire du cinéma, qu’est ce qui t’as poussé à en faire ?
Je l’ai raconté souvent mais je suis arrivé dans un petit cours de théâtre associatif organisé par la mairie de Paris quand j’avais 12 ans. J’y étais allé pare que j’étais amoureux d’une fille qui était là dedans.
Ah c’était pour une fille…
Eh oui c’était pour une fille au départ, on ne se refait pas (rires).
Et la prof m’avait dit reviens avec un texte la prochaine fois et j’avais carrément proposé (le type qui n’a peur de rien) et donc j’ai fait le monologue du nez de Cyrano de Bergerac, et je me sentais bien en fait.
C’était sans doute très mauvais mais je me suis senti à ma place puis les gens m’ont écouté pour une fois. Avant j’avais fait de la trompette mais ça je crois que c’était vraiment pour que les gens m’entendent ; donc là c’était une place avantageuse, ce n’ était pas mes mots donc j’étais aussi protégé par ça.
Alors moi je n’avais pas entendu cette anecdote mais quand on te demandait la chose la plus dingue que tu avais fait par amour : aller en Allemagne retrouver une fille …
Ja ja ja, j’avais fait ça ouais.
Ca a marché ?
Non on s’est fait attrapé avec mon pote à Forbach, à la frontière. Donc c’était un peu avorté comme expérience…
Ceci dit, je me dis que la vie fait bien les choses car quand je l’ai retrouvée plus tard sur Facebook, elle avait bien changée. (…)
Quels souvenirs gardes-tu du tournage de La stratégie de la poussette ? As-tu une anecdote à nous raconter
(…) Des ancedotes ?
Il y a quelque chose qui m’a surpris c’est la place qu’on pris les bébés sur le plateau.
Il y avait deux jumeaux, un plutôt en forme et l’autre, grognon …
En plus on n’avait qu’une heure tourner avec des bébés, ce qui fait qu’il faut aller vite, s’adapter à eux surtout.
Voir 50 personnes qui se taisent, absolument parce que le bébé est là, car il faut le respecter, il ne faut pas l’effrayer, déjà qu’il y a une grosse caméra braquée sur eux.
Finalement, il y a des trucs écrits mais quand le bébé est là, tu ne peux pas lui dire fais ci fais ça, ce n’est pas possible. Donc tu t’adaptes, et ça ça a été un truc hyper surprenant ; plus qu’avec Charlotte le Bon qui est un monstre de professionnalisme, qui ne laisse place la place au hasard, c’est une actrice allemande (dit avec l’accent) ;
La « platz » au hasard, tu veux dire ?
Bien !!
Cette partie là ça m’a beaucoup plu puis aussi la tonalité un peu tristos du film. On part d’un mec qui n’a pas vraiment de boulot, pas vraiment de perspective d’avenir. C’est pas hyper bling bling, pas très clinquant. C’est pas le beau célibataire à la Hugh Grant
Oui voilà, ça n’était pas absolument pas. Donc ce côté mélancolique m’a plu, j’adore retrouver ça dans les films indé américains récents, même dans les grosses comédies à la Judd Appathow, ça part toujours de mecs de la classe moyenne et il y a toujours un fond un peu triste et je trouvais qu’il y avait un peu la même ambiance dans le film de Clément.
Même la fin, ce n’est pas une happy end, ils se regardent, on ne sait pas ce qu’ils vont devenir. Il n’y a pas d’embrassade…
Oh moi, je l’ai vu de manière optimiste, ils recommencent leur petit jeu avec les prénoms …
Oui, mais je l’ai vu je me suis dit, ils vont pas aller loin les deux, ce couple ne va pas durer Non ne pas du tout, mais j’aimais bien ça moi.
Clément Michel t’a-t-il proposé de tourner dans le clip « Arc en ciel ? »
Eh non et ça a été une vraie déception. Je me suis senti mis à l’écart. Pourtant tu vois, j’aurais pu lui apporter une dose peut être d’humour qui lui manque pas mal à ce Clément Michel. D’ailleurs ce Clément Michel tu m’en parles depuis le début, je ne sais pas qui est ce monsieur, soit disant un comique troupier. Je n’ai jamais entendu parler de cet homme là.
D’ailleurs, j’ai une question qui n’est pas la mienne : Tu as tout du gendre idéal. Et pourtant tu avoues adorer Patrick Dewaere. Tu n’as pas l’impression d’être le reflet d’une génération qui manque un peu de rockn’roll ?
Moi non, mais je pense qu’en tous cas, si on parle des années 70 et qu’on reprend l’histoire de P. Dewaere qu’on considère maintenant comme un mec cool, il ne faut pas oublier que ce mec là on l’a mis que dans des films de cape et d’épée où il faisait le gentil prince jusqu’ ses 25 ans où il a dit allez tous vous faire foutre et qu’il est allé faire le café de la gare. Donc finalement les images qu’on colle à qqn elles ne sont faites que pour être décollées. Puis surtout s’arrêter sur ça c’est même une forme de racisme : si on disait à Omar Sy « t’es un peu noir », à Jamel Debouzze « le côté qui nous emmerde c’est que t’es rebeu », pour moi ça revient au même, c’est enfermer les gens dans des cases et ils n’ont pas le droit d’en sortir. Parce que dans tout groupe social, un pays par ex, c’est beaucoup plus simple d’avoir des cases comme ça où on met les gens. C’est beaucoup plus simple, et dès qu’on veut s’arracher de ses cases.
Je ne pense pas par ex que dans « trois mondes », le personnage soit complètement lisse, on en est loin même.
Ca ce sont de fausses questions de journalistes.