Je ne suis pas mort : un film bien vivant.

Je ne suis pas mort affiche

Mehdi Ben Attia signe un projet innovant : « Je ne suis pas mort »

Chercher à expliquer ce film vous ferait indéniablement manquer toute sa beauté, sa puissance. Chercher à interpréter les intentions de son réalisateur, Mehdi Ben Attia, vous mène à saisir l’oeuvre  dans sa quintessence.Rien ne donne plus de sens à un projet artistique que de chercher ce pourquoi on l’a créé; non seulement on justifie sa réalisation, mais on lui confère une saveur toute particulière. Le cinéaste de talent l’a bien compris en réalisant ce projet des plus osés.

Un professeur décède subitement, son étudiant, Yacine se trouve habité par ce dernier, comme si le défunt avait pris possession de son corps. Se limiter à ce résumé est une grave erreur ; en réalité, le traitement est bien plus léger, malgré des sonates graves. Si la musique classique donne toute sa majesté à l’oeuvre cinématographique, c’est l’équipe qui lui donne ses lettres de noblesse. Si ce film est un drame et non un film fantastique, c’est bien parce que son réalisateur y dépeint des réalités actuelles-tristement dans l’air du temps : le racisme, les difficultés liées à l’immigration, le regard négatif de l’opinion publique et les préjugés liés aux Arabes-n’ayons pas peur des mots, car celui-ci est clairement employé et le polissage de la langue française et le recours à des périphrases et des circonlocutions est tourné en dérision, pour mieux être dénoncé.

Parcours difficile d’une jeunesse brillante issue de l’immigration et déboires de comédienne

Outre les difficultés d’intégration pour un Algérien issu de l’immigration, le besoin de puissance est très largement évoqué : un jeune homme brillant a besoin d’être rassuré par un emploi de haute volée, mais une comédienne au narcissisme affiché, a tout autant besoin de s’assurer qu’elle plait encore. Le luxe, à l’origine de son découvert en banque, n’est qu’un pâle moyen d’atteindre son but : l’admiration voire l’adulation, celle que réclame toute comédienne de plus de 40 ans, celle qu’exige ce personnage en tous cas.

 Mehdi Dehbi crève l’écran

Yacine, interprété par le beau Mehdi Dehbi, est bien issu de l’immigration. Son parcours étonne le milieu de l’Elite à la Française qui l’imagine issu de la Diversité, or il n’en est rien : ce brillant élément y est parvenu grâce à son mérite, et non quelconque faveur. Ce jeune comédien, remarqué dans Le Fils de L’Autre, crève littéralement l’écran : sa beauté, son jeu de comédien, tout participe à la rondeur qu’il confère au protagoniste. Electrisant ! Bien sûr, un film ne se fait pas seul et un comédien n’est rien sans ceux qui l’accompagnent et le confrontent à son propre jeu : Maria de Medeiros, Emmanuel Salinger ou encore l’excellent Albert Delpy, Laurent Bateau ou encore le très charismatique Slimane Dazi.

En une phrase, si Mehdi Ben Attia s’est entouré d’un casting à la hauteur de son projet, c’est aussi c’est par la qualité du scénario et du jeu d’acteur de ses excellents comédiens qu’il parvient à nous faire accepter l’improbable : délectable.

Sortie le 7 août, vu en projection privée le 29/97 au Grand Action, Rue des Ecoles, Paris 5ème.

Bande annonce

Share