Baya, tu as lancé le pilote d’une mini-série DEUXIEME SEXE qui traite essentiellement d’un point de vue féminin, quel a été ton souhait de départ lorsque tu en as eu l’idée ?
Mon souhait de départ à la base c’est de jouer des choses qui me plaisent…Je suis au début de mon parcours de comédienne, donc j’ai encore beaucoup de choses à apprendre et à prouver…Au lieu d’attendre que le téléphone sonne, j’essaye de me mettre en scène, de jouer, de travailler en somme….une partie de mon travail, c’est d’être visible…Aujourd’hui Internet et les réseaux sociaux sont un formidable support pour s’exprimer et montrer ce dont on est capable ; je l’ai parfaitement intégré et je m’en sers, ce que j’entends par là c’est que quand on a ça à disposition, il est interdit de ne pas essayer….Quand j’ai écrit Deuxième Sexe et que l’on a décidé de mettre le projet sur le net avec Elise McLeod, réalisatrice à qui j’ai décidé de le confier, c’était pour tester le projet …et là on a eu de la chance, les retours sont plus que positifs.
De plus, quand j’écris spécifiquement CETTE série, c’est parce que j’en ai marre de voir des personnages féminins lisses ou qui servent des personnages masculins. Il est rare dans tout ce qu’on peut voir sur nos écrans, que les femmes existent par elles-mêmes, et quand c’est le cas, c’est pour être complétement édulcorées. Aux Etats-Unis avec des séries comme 2 Broke girls, New girl, ou encore Girls on commence enfin à voir des filles normales avec des problèmes normaux, qui ne s’habillent pas chez les grands couturiers et qui parfois font des erreurs de styles. Moi c’est ce que j’aime, la REALITE : à savoir les défauts, les failles, les doutes de ces femmes qui ne cessent pourtant d’être de plus en plus fortes. En France ce n’est pas encore gagné …alors j’essaye à mon petit niveau de faire évoluer les choses….
Comment est réellement né le projet, qu’est ce qui t’a fait te lancer concrètement dans cette aventure ?
Le projet est né autour d’un café que je prenais au Francoeur avec Pauline Pinsolle qui joue ma copine, elle devait tourner avec moi dans une autre mini-série que j’avais écrit “ Paris, un jour de” mais le projet étant en production, ça mettait beaucoup de temps et Pauline a finalement décidé de partir aux Etats Unis…Je ne pouvais pas la laisser partir sans qu’on tourne ensemble un truc de “copines” ! Le soir même je lui ai envoyé une première ébauche, qu’elle a aimée ; le lendemain je “recrutais “ la réalisatrice Elise McLeod qui a une vraie culture anglo saxonne dans la notion de travail et qui a vu dans « ce petit projet entre copines » un réel potentiel de développement…
On s’est retrouvé avec une vraie équipe de tournage, du très bon matériel….ainsi qu’une post production très professionnelle pour chaque étape…Tout le monde a collaboré en plus de son travail habituel par coup de cœur pour le projet, et je leur en suis très reconnaissante. Donc moi je ne m’attendais pas à tout ça, mais absolument pas quand en sirotant mon coca, j’ai dit à Pauline “ Viens on tourne un court métrage avant que tu partes” (elle partait deux mois après) !
J’imagine que tu t’es réellement retrouvée dans quelques-unes des situations que tu montres à l’écran, peux-tu nous raconter une anecdote à ce sujet ?
Je regarde beaucoup de films et séries. J’observe beaucoup les gens en société, les écoute attentivement et lis énormément….De fait, une phrase, un geste m’inspire et effectivement ce que j’écris c’est souvent soit du vécu personnel, soit celui d’un proche, ou d’une connaissance.
Pour le pilote “ Petits mensonges entre amies”, je montre comment les femmes peuvent se comporter entre elles : y a beaucoup de mensonges que j’appellerais “sociaux” qui sont faits pour permettre un mieux vivre ensemble. Quand tu demandes à une copine comment elle va et qu’elle enchaîne sur son bébé t’as envie de lui hurler “OUAIS MAIS TOI comment tu vas?” tu ne le fais pas tu dis juste…”ah c’est génial!” lorsqu’elle t’annonce que son bébé fait un joli caca….voilà un mensonge social selon ma définition.
Tu joues avec une jeune fille dans le pilote, qui est-elle ? Peux-tu nous la présenter ?
Donc c’est Pauline Pinsolle, une vraie rencontre pour moi…Elle est blonde, elle est belle, elle est bonne…comédienne! Lorsque j’entends que notre duo fonctionne à merveille , ça me fait chaud au cœur parce que notre vraie entente dans la vie se ressent à l’écran…En ce moment elle est à NYC elle rentre très vite…j’ai hâte de la retrouver. Si l’aventure continue ça ne sera qu’avec elle. Elle est de la même “race “ que moi ; elle a le même humour que moi et me fait confiance….Rien que pour ça elle déchire!
Et toi Baya, qui es-tu ? Comment es-tu arrivée au cinéma ?
Moi j’ai commencé le théâtre à 11 ans mais je vais t’épargner les détails, en gros j’ai un bac L option théâtre, et ensuite je décroche quelques années plus tard un bac + 5 en communication corporate (études qui aujourd’hui me servent à communiquer à ma manière), simultanément j’ai intégré une troupe de théâtre, fait des cours privés. Apres mon diplôme, je suis devenue consultante, puis au bout d’un an je donné ma démission….je suis revenue à mes premières amours : le théâtre. Olivier Belmondo m’a intègrée dans son cours…et puis après comme tout le monde : travail, rencontres, opportunités…J’avance pas à pas, je m’agrippe et j’écoute les conseils de certains “grands” du cinéma qui m’accompagnent. Après j’ai “essayé mais je n’ai pas la force d’être faible “, Je suis une battante, je suis taillée pour ça…L’échec ça ne me fait pas peur, au contraire ça fait grandir….J’y crois vraiment et jusqu’à présent j’ai eu quelques bonnes raisons de croire que je suis dans le vrai.
Tu as tourné dans un film qui a obtenu la palme d’or ; j’imagine que tu ressens une grande fierté. Peux-tu nous parler de ton rôle dans la vie d’Adèle ?
J’ai le rôle de Meryem qui est une des amies d’Emma interprétée par Léa Seydoux…j’ai eu dix-sept jours de tournage….et j’ai donc eu la chance de travailler avec Kechiche qui est un incroyable directeur d’acteur selon moi. Il a une méthode particulière que j’adore…Au montage bien sûr certaines choses ont disparu ; j’apparais donc dans deux scènes et c’est une énorme fierté pour moi de savoir que je suis dans un film qui a eu la palme ! C’est quand même dingue parce que je me suis battue depuis le début pour y participer. C’est dans mon CV quoi….ça le fait non ?
Complètement, bravo !
Enfin Baya, que peut-on te souhaiter ?
Tu peux me souhaiter de toujours garder ce feu allumé en moi qui m’anime chaque jour et de progresser encore et toujours, et qu’il y ait toujours sur mon chemin des personnes fabuleuses qui me soutiennent, m’encouragent et me tendent la main. C’est beaucoup à souhaiter mais puisque tu me le demandes….
Merci Lucie.
Merci à toi Baya.