Nymphomaniac, entre errance et jouissance.

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Lars Von Trier revient avec le journal d’une nymphomane, révélant trois acteurs sublimes : Charlotte Gainsbourg, Stacy Martin et Christian Slater. 

Volume 1 : Conte désanchanté d’une nymphomane

La première scène du premier volume s’ouvre sur Joe-Charlotte Gainsbourg, gisant sur le au sol, inconsciente. Elle est recueillie par Selingman, vieux célibataire qui lui porte secours. Le temps d’une nuit, elle se raconte à lui. Les moindres détails des méandres qu’elle a parcouru, son appétence pour le sexe, ses amants, rien n’échappera à son confident improvisé. C’est à travers des chapitres qu’elle scande son existence. Malicieuse et incroyablement lucide, Joe n’en finit pas d’étonner son interlocuteur, son spectateur, aussi. Chez elle, l’appétit sexuel souffre du poids d’une certaine culpabilité, et ce particulièrement lorsqu’elle est petite fille, alors même qu’elle est à l’âge de l’insouciance la plus absolue. Les années qui passèrent ensuite la feront bien sûr évoluer dans son appréhension de la sexualité. Elle est alors vue comme une étape à franchir (la perte de sa virginité est froide, mathématique : 3+5=8 coups, addition de Lars Von Trier à l’écran), une fois passé, le cap devient alors un défi. La séquence du train est assez explicite : une amie et elle sont en compétition : celle qui a couché avec le plus d’homme durant le trajet remporte… un paquet de chocolats. Cette appétence grandissante ne cessera que lorsqu’elle parviendra enfin à conjuguer le sexe et l’amour…ce qui aura rapidement raison de ses orgasmes et son plaisir. Dès lors, elle devient insensible, comme si son corps avait perdu toute sensibilité en aimant. On peut reprocher la dichotomie que Lars Von Trier induit alors, mais on ne peut lui reprocher de manquer de point de vue.

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Volume 2 : A la recherche du temps perdu

Joe qui est désormais mariée, et mère, n’a toujours pas retrouvé le plaisir. Et pour quelqu’un qui prétend que la nymphomanie c’est « juste en demander plus au soleil couchant, le voir plus beau ». Elle se lance alors dans une quête de sensations fortes, à la recherche de sensations oubliées, elle se confronte à l’Intense. Cette soif d’absolu là mènera à l’irrémédiable, s’exposant à tous les dangers. En s’exposant à la soif de violence d’un homme réputé pour donner de solides corrections aux femmes, elle renoue avec le plaisir. Finalement, cette souffrance dans la chair est devenue la clé de ses sensations retrouvées. Lars Von Trier aborde également la maternité, comme choix ou fardeau; en accordant la priorité à ses séances de masochisme pur, elle relègue son fils au second plan. La mère est alors indigne de sa maternité. Le sexe ou son enfant, il lui faut faire un choix. C’est sans doute ce qu’on peut reprocher à la vision de Lars Von Trier. De même, qu’en filigrane, il est dit qu’être nymphomane, c’est être profondément malheureuse -et déséquilibrée. La recherche absolue de plaisir est forcément pathologique. Le réalisateur ne peut concevoir le désir sexuel sans l’assortir d’une dimension foncièrement malsaine.

Si ce second volet se veut extrêmement intelligent, très étoffé dans ses multiples réflexions, il n’en demeure pas moins trop long et aurait gagné en intensité sans un verbiage parfois inutile. La théorie liée à la pédophilie est toutefois brillante, le réalisateur réussissant à donner un visage humain aux hommes qui réfrènent sans cesse leur appétence pour les jeunes gens. « Les gens qui traversent la vie tout en refoulant leurs désirs profonds devraient être décorés ». Voilà ce que dit Joe à propos « des 95% de pédophiles qui ne feront jamais de mal à un enfant ». Comme il est gênant de concéder ce point de vue. C’est dire la puissance de Lars Von Trier.

 

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