[Cannes 2019] Roubaix, une lumière : strip tease à la Desplechin

roubaix une lumière

A travers son dernier film, en compétition officielle à Cannes et vu dans ce cadre, Arnaud Desplechin sonde l’âme humaine. L’intrigue se tient, comme le titre l’indique, dans une ville du Nord parmi l’une des plus pauvres de France. Au cœur de ce film, les intrigues auxquelles sont confrontées la police, menée par Daoud (Roschdy Zem) et récemment épaulée par Louis, une jeune recrue (Antoine Reinartz).

 Roubaix, une lente plongée dans sa réalité

Comme dans de nombreux de ses films, Desplechin entend faire du réalisme voire du naturalisme cinématographique. De fait, les premières scènes sont longues… très longues, trop longues. En réalité, on est dès le début dans le registre du documentaire, mais avec des acteurs connus, qu’on connaît et reconnaît lorsque l’on aime un tant soit peu le cinéma français. Sensation étrange dès le départ. Puis on se demande quand va réellement commencer le film.

Au bout d’une demie heure, l’intrigue centrale s’installe enfin. Ouf. Pour autant, on ne bascule pas dans une action effrénée, non, on reste chez Desplechin. En cause, une histoire de crime crapuleux, sordide, minable : on est à Roubaix.

Léa Seydoux et Sara Forestier
Crédit photo : Le Pacte

Roubaix, une lumière sombre

Le titre est pourtant à l’opposé de ce qu’il décrit : on est dans tout sauf un film lumineux. On y côtoie la misère, la peur, l’indigence. Evidemment, c’est intéressant mais hormis une recherche de lumière qui passerait par l’expression « faire toute la lumière sur cette affaire » ou ne serait-ce pas plutôt une lumière divine, inspirée par le personnage de Louis, qui s’épanche dans un journal qui semble dédié à un homme d’Eglise ?

Qu’il s’agisse de la psychologie des personnages ou de la peinture de cette triste ville, le réalisateur se veut on ne peut plus perspicace, on ne peut plus lucide. Si lumière il y a, elle est sombre.

Un jeu d’acteur irréprochable

Heureusement, l’ensemble est servi par son casting de choc. A commencer par Roschdy Zem, flic implacable et taciturne, il incarne le flegme dans sa plus pure expression. Que dire encore du couples des diaboliques incarné par Sara Forestier et Léa Seydoux. Si on avait déjà vu la première dans un rôle similaire en termes de classe sociale chez Emmanuelle Bercot dans « La tête haute », on se dit que Léa Seydoux est une actrice et qu’elle peut tout jouer, même une pauvrette issue des bas fonds du Nord. Et ça passe. Pourquoi ? Parce qu’elle est une grande actrice. Et aussi parce qu’après tout, souvenez-vous « elle a fait l’école de la vie ». 
N’oublions pas enfin Antoine Reinartz, remarqué dans « 120 battements par Minute« , qui est sans doute LA seule lumière de ce film. Par son sourire, il illumine tout sur son passage, et vu le cadre, ce n’est pas du luxe !

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