66.5 : une série coup de poing

série alice isaaz

Dernière production d’Anne Langlois à qui on doit entre autres Engrenages, 66.5 a débarqué sur Canal + sur le créneau classique du lundi soir, celui réservé à leurs créations originales.

Le pitch ? Avocate d’affaires débutante dans un prestigieux cabinet parisien, Roxane Bauer (Alice Isaaz) voit sa vie bouleversée quand son époux, associé du cabinet, est accusé de viol. Ramenée malgré elle dans la cité de son enfance, c’est en tant qu’avocate pénaliste au tribunal de Bobigny qu’elle va tenter de se reconstruire.

66.6 Un savant mélange entre les genres

Si cette série a le don de nous captiver (ce qui, franchement, est loin d’être le cas de toutes !), c’est avant tout car elle emprunte différents genres : le polar à travers une sombre histoire de gangs de stupéfiants au sein d’une cité à Bobigny, la série de loi, et bien sûr, le drame à travers une histoire d’amour mais pas que. A travers une intrigue prenante dont le contenu est savamment distillé au fil des épisodes, 66.5 doit sa réussite à de divers facteurs, bien sûr, mais ne serait pas ce qu’elle est sans un scénario bétonné. Là encore, Anne Langlois et ses précieux conseils savent faire. Frustrée de ne pas plus rentrer dans les intrigues d’instruction des affaires au sein d’Engrenages, la scénariste a décidé de le faire en faisant émerger cette idée d’une nouvelle série.

Autre dimension au coeur du projet : la cité et ses fameux trafics de stups. Mille fois dépeinte au cinéma, elle l’est un peu moins dans l’univers des séries. A la réalisation, on a notamment Daniele Arbid à qui on doit au cinéma Peur de rien ou encore Passion Simple, adapté du roman éponyme d’Annie Ernaux. Son univers ? Glamour, lumineux. C’est donc en toute logique qu’elle s’est attachée à filmer une cité aux couleurs chatoyantes et à la végétation luxuriante, loin des clichés des cités sombres et austères.

Pourquoi 66.5 ? Car c’est l’article de loi qui concerne le devoir de confidentialité d’un avocat sur les affaires qu’il a en cours. Autant dire que cette dimension est au coeur de l’intrigue de toute la série.

66.5 Une vision des femmes salutaire

Loin des caricatures, le personnage de Roxane incarne une femme forte, mais presque inéluctablement traversée par des failles inhérentes à son adolescence. Une sale histoire qui va remonter à la surface près de 15 ans après.

Toujours dans l’univers de Daniele Arbid, Alice Isaaz joue un personnage au comble du féminin, au style vestimentaire affirmé : elle porte du Dior, des bijoux clinquant, tous en or, un sac Gucci discret en bandoulière et c’est hissée sur des stilettos de 15 qu’elle part plaider, une jupes fendue sous sa robe d’avocate. Là encore, ce style est en perpétuelle mutation au fil de sa mue et de son retour aux origines : à Bobigny.

Si elle incarne ce très à la mode concept de « transfuge de classes «  -Annie Ernaux, encore elle, c’est moins une ascension fulgurante qu’un va et vient entre les mondes : la jeune fille quitte Bobiny pour la 8è arrondissement de Paris mais le quitte assez vite pour revenir aux sources.

Roxane c’est en somme cette femme dans l’air du temps qui n’est pas figée dans une case mais qui se balade dans des univers qu’elle maîtrise, sachant que sa base reste le 93, sans pour autant faire fi des codes des hautes sphères, quand cela s’avère nécessaire.

Femme forte, Roxane a tout de cette guerrière qui endure, encaisse et se relève malgré les coups durs : son mari accusé de viol, les menaces multiples dont elle fait l’objet. Jamais elle ne flanche totalement, elle finit toujours pas se relever. A l’aune où la résilience est une notion phare, la protagoniste en fait plus que jamais preuve.

La mise en danger et la rédemption sont sans doute deux des thèmes fondateurs de cette série qui en a sous le capot et dont on suit les épisodes avec passion et avidité. A voir de toute urgence, donc.

Share