Trois souvenirs de ma jeunesse : le tour de force de Desplechin

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Présenté à la quinzaine des réalisateurs, le dernier film de Desplechin tient toutes ses promesses.

Une madeleine de Proust

Paul Dédalus (Mathieu Amalric) est le personnage central de ce film. Arrêté en Russie pour un problème de passeport, on aurait en effet trouvé un homonyme, il plonge alors dans les souvenirs de sa jeunesse. Le film peut alors commencer. En relatant ses souvenirs à un agent mystérieux (André Dussolier), il aborde son engagement politique relativement assumé, ainsi que ses amis, sa famille et ses caractéristiques un peu particulières. Orphelin de mère, Paul doit subir, durant son enfance, la violence d’un père moins dangereux que maladroit.

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Esther ou l’essence de l’Amour

Paul revient surtout son amour de jeunesse : Esther… (Lou Roy Lecollinet), ah la belle Esther, sylphide et éthérée, elle incarne une féminité à la fois mûre et fragile. Il la rencontre au lycée, alors qu’elle n’est qu’à l’aune de sa vie de jeune femme. Ensemble, ils vivront une belle histoire d’amour. Pure et entière, à la manière d’Esther. Puisque la distance les sépare, la fidélité ne sera pas toujours respectée, mais ils auront toujours cette franchise l’un envers l’autre. A eux deux, ils incarnent la substantifique moelle de l’amour.

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Paul Dédalus ou Antoine Doinel

Contrairement à Esther, Paul semble déjà plus mature et toujours très réfléchi. Avec une diction des plus désuètes, le personnage prend inexorablement des airs d’Antoine Doinel. D’ailleurs, Desplechin avait déjà proposé ce personnage à l’écran dans Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle). Quentin Dolmaire, le comédien, livre une performance tout à fait saisissante.

Une mise en scène épistolaire

 Si la mise en scène est très intéressante, petit bémol en revanche pour les lettres récitées par les deux protagonistes, on aurait préféré les entendre que les voir déclamées à l’écran, car les personnages ne les incarnent pas. Pas grand intérêt, donc, sur le plan de la mise en scène. Quoi qu’il en soit, Arnaud Desplechin, qui nous avait habitué à des films assez bavards, ne déroge pas à la règle mais ses dialogues sont tellement beaux que l’on ne peut que s’en délecter.

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