Sahar, Jérémy, et Aurore.

Aurore Auteuil

Aurore Auteuil

Aurore, c’est Aurore Auteuil. La presse parle trop des fils de, surtout au théâtre : Davy Sardou, Alexandre Brasseur et consorts; mais peut-être sont-ils sur le devant de la scène parce qu’ils sont talentueux, avant même d’incarner un nom, ils savent entrer avec brio dans la peau de leurs personnages. C’est ce qu’Aurore Auteuil a su prouver sur les planches du Théâtre de Paris, à la Générale de sa pièce « Sahar et Jérémy ».

Aurore Auteil : sauvage, écorchée vive, bouleversante.

« Sauvage»«généreux» et « mal élevé », ce sont les mots de Nicole Garcia à Cannes, lors de la remise de la Caméra d’Or à Party Girl. On pourrait en dire tout autant de la pièce écrite et jouée par Aurore Auteuil.

Sahar et Jérémy, c’est avant tout l’histoire de Jérémy. Son parcours de vie, son portrait, ses pensées. Quand ce jeune homme énervé arrive sur scène (la chevelure dorée d’Aurore Auteuil dissimulée sous un bonnet), il hurle sa peine, sa haine aussi. Dès les premiers mots, on devine toute la souffrance de ce garçon, qu’il tente de noyer dans l’alcool et les psychotropes. On frémit sous les coups du père, un père qui n’a pas su exprimer un amour paradoxal, violent. Triste atavisme que celui d’un parent qui bat son enfant. Le pyjama blanc tâché par le sang, la tête frêle et enfantine contre le radiateur puis l’évanouissement. Enfant, Jérémy a eu mal, il a eu peur aussi; mais ça n’est que jeune homme que le traumatisme dirigera sa vie. En rencontrant Sahar, cette jeune femme douce et entière, qui pourrait lui apporter toute la stabilité qui lui manque, Jérémy ne sait pas quelle vie l’attend. Il ne connaît pas toute la force destructrice de ces démons intérieurs, ni le poids du passé, de l’enfance en l’occurrence. Mais quand on n’a rien à perdre, tout reste à expérimenter, le meilleur comme le pire.

Une performance théâtrale et littéraire

En incarnant tour à tour les deux protagonistes et ce sans aucune fausse note, Aurore Auteuil fait preuve d’une grande habileté. Si la qualité de son jeu ne fait nul doute, celle de sa plume est encore plus savoureuse. L’auteure ne nous livre pas de simples répliques, mais des promesses devant l’Eternel; voir cette pièce, c’est la ressentir : chaque phrase est un bijou de poésie à lui seul. Grâce à cette sensibilité qui la caractérise, Aurore Auteuil nous fait partager un texte d’une beauté littéraire hors pair. On ne peut que frémir d’entendre ses métaphores, ses images toutes plus poétiques les unes que les autres. Emportés vers l’Infini, nous touchons l’Universel.

Par la mise en scène de Ladislas Chollat-connu pour ses collaborations avec Florian Zeller, Aurore Auteuil nous donne à voir une pièce emplie de poésie. Les dessins esquissés viennent illustrer une situation, et comblent le minimalisme du décor. On est alors transporté dans l’univers de Jérémy, lequel rejoint souvent celui de Sahar, malgré leurs antagonismes manifestes, inhérents à leur propre chemin de vie.

Une pièce d’Aurore Auteuil, avec Aurore Auteuil. 

Mise en scène  : Ladislas Chollat 

Une production Arts Live

A partir du 10 septembre 2014 au Théâtre de Paris – Salle Réjane

Du mercredi au samedi à 19h et également le dimanche à 17h.

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