Lucy, première femme surpuissante selon Besson

Lucy, Luc Besson

Le synopsis ? Lucy, jeune étudiante américaine à Taïwan, se retrouve piégée et doit servir de mule pour un trafic de drogue mené par une horde asiatique. Evidemment, rien ne se passe comme prévu…

Lucy, Luc Besson

Luc Besson, d’actions en action

Le réalisateur signe un film riche en action, à tel point que le spectateur se trouve pris dans un flot de rebondissements continu. Peu de répit pour des âmes paisibles, donc. Si les effets sont spectaculaires, on déplore néanmoins certaines scènes, peu réalistes (cf la course jusqu’au Val de Grâce dans les rues de Paris). Les premiers instants sont assez violents, donnant l’impression du ton du film. En réalité, il n’en est rien : dans l’ensemble, ce dernier paraît bien plus soft que ses premières scènes.

Scarlett Johansson incarne à perfection cette victime d’une drogue qui la rendra à la fois surpuissante et complètement déshumanisée. L’actrice américaine est tout à fait saisissante dans ce rôle, incarnant une sensualité qu’on lui connaît, mais aussi une puissance infaillible. Rôle complexe que celui de Lucy, qui demande une maîtrise et une contenance de tous les instants ainsi que des fulgurances de sensibilité.

Lucy, la première femme

S’ouvrant tour à tour sur des scènes mêlant la Préhistoire aux grands prédateurs, Lucy se base sur la Première Femme du même nom. Ce n’est pas hasardeux que le personnage joué par Scarlett Johansson porte ce prénom. Elle est censée incarner l’exacte opposée de l’Australopithèque. Pour cause, la drogue qu’on lui cache sous l’abdomen n’est autre qu’une reproduction synthétique de la « CPH4 », cette hormone que sécrètent les femmes enceintes pour participer au bon développement du foetus. A haute dose, celle-ci s’avère surpuissante, et ô combien euphorisante.

Lucy atteindra les 100% de ses capacités cérébrales grâce à cette drogue qui se prendra possession d’elle, la rendant alors surpuissante et complètement incontrôlable.

Les 10% de notre cerveau : une théorie éculée et inexacte

Pour étayer la thèse de son film, Luc Besson s’inspire de la théorie selon laquelle nous n’utilisons que 10% de notre cerveau. A l’origine de cette thèse partiellement fumeuse, le psychologue et philosophe William James qui, dans son livre The Energies of Men, paru en 1908, a écrit: « nous n’utilisons qu’une petite partie de nos potentielles ressources mentales et physiques »(…) « Même s’il ne correspond qu’à environ 2% de notre masse corporelle, notre cerveau consomme 20% de notre énergie. Avoir un organe qui nous demande autant pour n’être utilisé qu’à 10%, du point de vue de l’évolution, cela n’a aucun sens. »   Par ailleurs, selon Joe LeDoux, professeur en neuroscience à l’Université de New York, « le cerveau pourrait être actif à 100% en réalisant une tâche même si seule une toute petite partie lui est entièrement dédiée ».*

Autant de théories qui contestent le postulat de départ de Luc Besson, postulat sur lequel repose le film.

Somme toute, le projet de Besson se regarde avec plus ou moins de plaisir, mais il n’est en aucun cas innovant, si ce n’est par ses scènes préliminaires. De l’action, une jolie fille (aussi talentueuse soit-elle), des méchants, des morts. Quoi de nouveau sous le soleil ?

 

*source : « On utilise bien plus que 10% de notre cerveau », Marine Le Breton, le Huffington Post, 06/08/14.

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