Interview de Clément Michel : « J’ai deux amours »

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Le synopsis de la mini série « J’ai deux amours »: un homme « devenu » gay qui retombe sur son ex petite amie… alors qu’il est en couple avec un homme et qu’il va bientôt avoir un bébé avec son compagnon et leur meilleure amie lesbienne (qui est aussi leur colocataire) !!!

Lucie : Comment s’est passée la collaboration avec Arte, est-ce que la chaîne était définie au préalable ou non ?

Clément Michel : Il y avait une convention entre la production et Arte qui aimait le projet. La chaîne est donc devenue co-productrice. Une fois le scénario écrit, il était temps de songer à un réalisateur. C’est la productrice qui a pensé à moi et à la lecture du scénario, j’ai trouvé ça génial donc j’ai dit oui. Je suis ensuite allé chez Arte pour savoir si ça leur convenait que ce soit moi qui réalise le film, et visiblement ils ont dit oui. Tout cela remonte à environ 1 an et demi.

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Crédit photo : Paul Beletre

Lucie : Je trouve le casting étonnant : Dans « Clara Sheller » François Vincentelli est en couple avec l’héroïne, Zoé Felix, et il a une relation homosexuelle adultère avec Patrick Mille puis il se sépare de Zoé sans savoir ce qu’il advient de son couple. Là c’est l’inverse mais il y a quelque chose de similaire, dans le fait de jouer un personnage « à voile et à vapeur »… 

Clément Michel : Moi je n’avais pas vu Clara Sheller. Quand j’ai pensé à François, que je connais assez bien, il m’ a dit « C’est drôle car ça ressemble un peu à mon personnage dans Clara Sheller. Je me disais « Super, je ne l’ai pas vu, donc si tu as fait ça, forcément tu saurais le refaire ! » Et si je l’avais vu, je me serais peut être d’ailleurs empêché de lui proposer en pensant que c’était éventuellement redondant pour lui. François, je l’ai vu dans Hard, et à de multiples reprises au théâtre. Mais moi je le trouvais beau et parfait pour le rôle: il plaisait tant aux hommes qu’aux femmes. Et ce n’est pas parce qu’on est très beau qu’on est lisse, quand bien même il dégage de quelque chose de très sain. (…) En revanche c’est lui qui m’ a parlé de son rôle dans  Clara Sheller. Car quand il s’agissait des scènes d’amitié, d’amour, je souhaitais les pousser un maximum dans J’ai deux amours pour qu’elles soient réalistes, et non crues pour être crues. Comme c’est Arte, on peut se permettre davantage que sur d’autres chaînes.  Je voulais savoir quel était le rapport des comédiens à ces scènes en particulier, sachant qu’en tant que réalisateur je m’étais limité à des scènes de baiser entre Charlotte le Bon et Raphael Personnaz dans mon dernier film (la stratégie de la poussette).

Lucie : Et quid des autres personnages qui forment ce trio amoureux ? Olivier Barthelemy, Julia Faure  ? 

Julia Faure, qui joue l’ex petite amie de François, dégage quelque chose de très fort, qui se marie très bien avec le côté très doux de François. Cette comédienne est d’une intensité folle, elle est incroyable. Julia revêt un côté aussi très autoritaire, qui est sexy mais aussi extrêmement fragile. Comme le personnage de François mène une double vie, tu te dis qu’avec une femme pareille, on est très inquiet pour lui. Elle est tellement amoureuse qu’elle le regarde jusqu’au fond de la pupille, on ne peut que redouter le moment où elle découvrira le pot aux roses. Quand bien même il s’agisse d’une comédie dramatique pour Arte, c’est tout de même approchant du vaudeville, ce qui me plaisait beaucoup. Pour que ça fonctionne, il faut qu’il y ait une certaine tension et qu’on craigne le moment où « on découvrira l’amant dans le placard ».

Olivier dégage lui aussi quelque chose de très fort mais dans la série il est bouleversant.  Je pourrais en parler des heures.

Lucie : Comment s’est déroulé le casting ? 

Au départ, on partait de François ; une fois qu’il a accepté. Ensuite j’avais d’autres comédiennes en tête dont Julia, avec qui j’ai fait des essais. Quant à Olivier j’en attendais énormément en me disant que ce ne serait pas lui : j’en avais une image en fonction de ses films qui ne correspondait pas au mec hyper classe, dandy, affûté, au style bobo qui s’est présenté devant moi au casting. Immédiatement, il a dégagé une certaine douceur. Et très vite, on a eu une certaine affinité : j’adore ce mec.

Quant à Camille Chamoux (elle joue le rôle de l’amie lesbienne et coloc de François et Olivier, avec qui ils feront un bébé). Camille je la connais bien, je lui ai envoyé le scénario, en lui disant que je rêvais de travailler avec elle, elle m’a tout de suite dit oui. Je lui ai dit aussi « ll y a des films où tu es super, et d’autres où tu es moins bien et si là tu es moins bien ça ne sera pas de ta faute mais de la mienne; dans les Gazelles, (de Mona Ayache) tu es super (on confirme tous), et moi c’est ce que je veux ». Les Gazelles, c’est un grand film générationnel, culte, qui raconte ce que sont les parisiens bobos, qu’on les aime ou non. Ce n’est pas rien d’avoir raconté tout ça (…)

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De gauche à droite : Olivier Barthélémy, Camille Chamoux, et François Vincentelli.  Copyright Benoit Linder/Arte France/Italique

Lucie : Que penses tu du thème de la série ? 

Ce que j’adore dans la série c’est qu’elle traite le thème le plus classique qui soit (la femme, l’amant, le mari) sauf que là c’est avec un homme, un homme et une femme de l’autre, une histoire d’enfants (attention spoiler) et un homme qui ne peut pas choisir.

Lucie :  Et toi Clément, est-ce que tu travailles actuellement à l’écriture d’un prochain film ?

Oui, tout à fait, une fausse comédie romantique car elle en fait dramatique mais comme c’est compliqué à écrire, je prends du temps. J’ai également deux projets en cours de pièces pour essayer de les monter.

Diffusion le 22 mars sur Arte, 3 X 52 mn.
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