Retour à la vie, un appel à la rédemption

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Ilaria Borreli joue et réalise un film au sujet fort : la servitude sexuelle des jeunes enfants au Cambodge. Entourée du comédien Philippe Caroit et de jeunes actrices cambodgiennes au talent plus que prometteur, elle nous livre un film sincère, engagé et très esthétique malgré quelques facilités d’écriture qui peuvent hélas entraver l’émotion de son spectateur.

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La renaissance d’une femme

Lorsqu’elle arrive au Cambodge, Mia (Ilaria Borelli) pour retrouver son époux, Xavier (Philippe Caroit, interviewé ici), installé dans ce pays depuis 3 ans pour y faire du commerce de bois exotique. Pensant lui faire la surprise, elle découvre qu’il se rend au bordel pour jouir dans les mains d’une fillette d’une dizaine d’années. A la fois décontenancée et écoeurée par ce qu’elle découvre, elle est prise de pitié pour la victime de son mari pédophile. La photographe parisienne égocentrée cède ainsi la place à une femme déterminée, sans vraiment savoir pourquoi, à sauver cette petite fille des griffes d’un système abject, basé sur le commerce des jeunes corps, de trop jeunes corps pour être désirables. En tenant à sauver ces jeunes filles pour les ramener à leur famille, Mia, qui souhaite devenir mère, opère une sorte de renaissance d’elle-même, sans pour autant renoncer à ses démons : la drogue. Cet aspect de son mode de vie est tout à fait intéressant, car en effet, le propos du film ne vise pas à la canoniser mais lui faire poursuivre un combat digne d’être soutenu. Entre les idéaux et le comportement réel d’un être humain, il y a parfois une dissonance, et c’est typiquement ce qu’incarne Mia, et ce à la perfection.

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Des drames trop abrupts

Si le film relève d’un idéal tout à fait salutaire puisqu’engagé, on ne peut s’empêcher de déplorer la brutalité avec laquelle sont amenées certaines scènes fortes du film, toutes tragiques en l’occurence. La scène du début est trop abrupte pour qu’on soit en empathie avec les personnages, et pour cause, on ne les connait pas encore. De même que la mort d’une des fillettes à un moment clé du film semble trop artificielle pour que le spectateur puisse pleinement adhérer au flot d’émotions qui est censé alors nous submerger.

Pour autant, Retour à la vie est un film remarquablement interprété, tant par sa réalisatrice et comédienne, la très sensuelle Ilaria Borrelli, que par Philippe Caroit, qui assume courageusement ce rôle difficile, ou encore ses comédiennes en herbe, toutes excellentes. Le réalisme semble, hélas, au plus près de la réalité tragique de ce pays, comme tant d’autres. Retour à la vie, malgré quelques faiblesses scénarisitiques demeure un film à l’esthétique irréprochable et au propos engagé. Un film nécessaire en somme.

Au reflet Médicis à Paris 5è, à partir du 4 mars.

 

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