Prix Renaudot 2014 : David Foenkinos se dévoile.

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Lucie : David, cette saison de prix littéraire est définitivement la tienne. Tu es à la fois lauréat du prix Renaudot et du Goncourt des lycéens, comment vis-tu cette reconnaissance à la fois de la profession et du public ?

David Foenkinos : C’est un moment exceptionnel. Il y a quelques mois, j’étais heureux de finir enfin ce livre sur lequel j’ai travaillé pendant des années. Par le sujet, et par la forme, je pensais qu’il serait plus confidentiel que mes précédents romans. Mais cela n’avait pas d’importance. Je voulais qu’on découvre Charlotte Salomon, qui elle était et son œuvre extraordinaire. L’accueil des libraires, des critiques, et surtout des lecteurs a été au-delà de mes espoirs. Et pour la première fois, j’ai reçu deux grands prix littéraires. Ce qui donne un éclairage inoui au livre, et donc à la mémoire de Charlotte Salomon. C’est fabuleux de voir tout ce qui va se passer autour d’elle maintenant.

L : Quelle est ta pratique d’écriture ? Ecris-tu quotidiennement ou lorsque l’inspiration te vient ?

DF : Cela dépend de chaque livre. Mais quand je suis en écriture, j’y suis tout le temps. Même quand je n’écris pas, le livre continue de se former d’une manière souterraine. Pour « Charlotte » cela a été différent. Tout d’abord il m’a fallu enquêter sur sa vie, retrouver des témoins, et puis j’ai mis des années à savoir comment écrire ce livre. Je l’ai écrit par moments, par épisodes.

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L : Comment es-tu arrivé à l’écriture ?

DF : Après une très grave maladie du cœur à l’âge de 16 ans. Après cette expérience, je me suis mis à lire beaucoup et à écrire.

L : Comment as-tu vécu tes premiers pas dans l’écriture, depuis la publication de ton premier roman ?

DF : « Charlotte » est mon treizième roman. Je publie depuis presque 15 ans et j’ai tout connu. J’ai connu des publications très confidentielles, et j’ai connu un succès imprévisible pour « La délicatesse ». Chaque étape a été intéressante. L’essentiel pour moi était de pouvoir continuer à écrire. Je me sens très éloigné de mes premiers romans. Ils sont trop absurdes.

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L : Tes livres sont adaptés au cinéma, que ce soit par toi ou les autres (JP Rouve) ; penses-tu que tes proatgonistes soient de bons personnages de cinéma ?

DF : Je ne sais pas. Disons que j’aime raconter des histoires, et le cinéma recherche toujours des histoires. Mais je n’écris jamais un livre en pensant qu’il deviendra un film. Au tout départ, je ne pensais pas du tout que « La délicatesse » pouvait faire un film. C’est mon frère qui m’a convaincu. Pour « Les souvenirs » je suis heureux que Jean-Paul Rouve l’ait adapté. Je trouve son film très réussi. A la fois fidèle au roman, mais autonome.

L : Enfin, si tu avais un conseil à donner aux étudiants qui ont envie de devenir écrivains, quel serait-il ?

Pour écrire, il faut écrire ! Tous les jours. Que cela devienne une obsession ; une obsession qui nécessite une discipline. Et puis il faut tout regarder, prendre des notes, expérimenter le plus possible : être libre.

Merci David !

Les souvenirs, un film de Jean-Paul Rouve, sortie le  14 janvier 2015

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