L’envers léger du décor

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Auteur prolixe, Florian Zeller revient avec « L’envers du décor », une pièce à l’idée prometteuse mais qui s’avère, hélas, assez décevante.

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Une belle idée délitée

Daniel Auteuil, également à l’origine de la mise en scène, incarne Daniel, un homme marié depuis une bonne vingtaine d’années à Isabelle (Valérie Bonneton). Tous deux amis avec Patrick depuis longue date, ils décident de l’inviter à dîner pour afin qu’il leur présente leur nouvelle et jeune amie, pour qui il a quitté sa femme. Si Isabelle réprouve cette idée, Daniel, lui, est très curieux à l’idée de rencontrer la jeune femme (Pauline Lefèvre).

L’originalité de la pièce réside dans le fait que les deux protagonistes nous livrent leurs pensées quasiment en continu. Si l’idée de départ est prometteuse, le flot de parole des personnages, véritable logorrhée verbale a tendance à déliter leur propos. De plus, le dîner en question sur lequel repose l’essentiel de la pièce, livre peu de surprises et on en est forcément un peu déçus.

Une audace avortée

Si le sujet est on ne peut plus banal (le fameux démon de midi), on aurait aimé que le cynisme soit davantage poussé. Or, les personnages restent dans leurs carcans : on a Daniel (Auteuil), l’homme tiraillé entre sa femme et ses pulsions purement sexuelles, face à une jeune femme fraîche et appétissante, qui incarne la sexualité pure et la jouissance gourmande dans sa robe rouge incendiaire. Bien-sûr, elle ne fait pas l’unanimité auprès d’Isabelle, qui déteste tout ce qu’elle représente, non sans jalousie, c’est évident. Enfin, le personnage de Patrick incarne la réussite sociale, qui pavane et se vante auprès de Daniel, et particulièrement pour tout ce qui est d’ordre matériel. Malgré des caractères intéressants, on regrette que tous ces personnages ne présentent pas davantage de folie, car leurs réactions, leurs actions, sont somme toute assez prévisibles.

Une justesse de jeu

Si la pièce peut décevoir dans son écriture, le jeu des acteurs, lui, est plutôt correct. Daniel Auteuil se montre particulièrement en forme, incarnant son personnage non sans excès. Un jeu nerveux et vivace. Valérie Bonneton, elle, est fidèle à ce qu’elle peut produire sur d’autres films ou séries, incarnée. Quant au couple incarné par Pauline Lefèvre et François-Eric Gendron, il est plutôt crédible même si le jeu de la jeune femme est plus entier que celui du comédien.

Une mise en scène sans surprise

Daniel Auteuil a poté pour une mise en scène classique, appartement bourgeois, changement de décor selon la pièce dans laquelle se déroule la scène. Rien de bien surprenant en somme. Des musiques très énergiques font la transition entre chaque scène, comme pour réveille un spectateur quelque peu ronronnant, à l’image de l’écriture de la pièce.

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