Le père, le fils selon Zeller

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Des années après la Mère puis le Père, Florian Zeller revient avec un troisième chapitre à cette trilogie, Le fils. 

Le fils : Autopsie d’un profond mal être

Au coeur de cette pièce, la souffrance d’un ado suite à la séparation de ses parents, son père ayant quitté sa mère pour une femme plus jeune, à qui il a fait un enfant. Classique me diriez-vous. Absolument. Mais ce qui frappe dans la pièce de Zeller, c’est la précision avec laquelle il s’attache à dépeindre l’état de détresse absolue dans laquelle est enfermé le jeune Nicolas. Si tant est qu’on soit déjà passé par ce mal être, on s’y retrouve complètement. Si on a eu la chance de ne pas le connaître, on ne peut être que convaincu. Sur le fil du rasoir, l’ado a la voix fluette de ceux qui ont mal, qui ont peur aussi.  Autre symptôme de cette terrible souffrance, l’école. C’est  la partie émergée de l’iceberg, ce qui a commencé à alerter ses parents : « Nicolas n’est pas venu au lycée depuis 3 mois » leur dit-on. Pour ancrer leur fils dans une normalité et se dire aussi que « désormais tout ira bien », les parents exigent qu’il retourne en cours. Croisade menée par Pierre, son père (Attal, magistral), qui n’en démordra pas.

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Crédit photo : Lisa Lesourd

Le père : un sentiment d’impuissance

Au coeur de la pièce, le rapport père-fils. Attal-Paradot incarnent ce duo tantôt tendre, tantôt dur à la perfection. On retrouve chez Attal le père qui se sent dépassé face au mal être de son fils, le père qui ne sait plus quoi faire pour qu’enfin son fils aille mieux. Quel parent n’a jamais été dans cette situation, au moins une fois ? Et puis il y a les schémas qu’on reproduit : l’éducation qu’a reçue le père et qu’il transmet presque malgré lui à son fils, comme impuissant face à ce propre atavisme. La mère,  Anne Consigny, symbolise également toute l’impuissance dont on peut être frappé face à la détresse d’un enfant. Non seulement, elle a été quittée en tant que femme, mais qui plus est, son fils lui échappe, ou plutôt la joie de son fils. Comme précédemment évoqué, c’est justement parce que son père a quitté sa mère que Nicolas se met dans un tel état. Ne peut-on pas penser, en tant que spectateur, qu’une réaction pareille est disproportionnée ? Peut-être, mais au fond, on ne sait jamais précisément pourquoi on tombe dans cette mélancolie aggravée et finalement, contre laquelle on ne peut souvent pas grand chose.

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Crédit photo : Lisa Lesourd

Les autres : la vie malgré tout

Parmi les personnages sur scène et dans la vie de Nicolas, il y a sa « belle-mère » portée à par Elodie Navarre avec beaucoup de grâce, d’humilité et de légèreté. Dans ce climat plus que lourd, elle est un peu le phare dans la tempête, celle qui dédramatise les choses aussi. Mais dans ce paragraphe plus court que les précédents, on voit bien que la vie malgré tout est dure à supporter quand autant de drames nous sont tombés dessus, qu’il s’agisse du fils ou de son propre père…

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En somme, une pièce qui n’évite pas quelques longueurs mais qui est tellement nécessaire par son propos, sa mise en scène et ses acteurs. A voir, à tout prix.

 

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