King Kong Théorie : singulier et puissant

affiche de king kong theorie au théâtre de l'atelier

Article interdit aux moins de 16 ans, à l’instar de la pièce.

Sur la scène du Théâtre de l’Atelier, elles sont trois femmes sur scène, incarnées par Anne Azoulay, Marie Denardaud et Valérie de Dietrich. Trois femmes puissantes qui ont pourtant été des proies faciles pour des violeurs. Trois femmes qui nous racontent leur parcours depuis la fin des années 80. Trois femmes qui interrogent leur place dans le monde, mais aussi à travers le regard masculin. Une pièce coup de poing, à l’instar de son auteur, Virginie Despentes.

King Kong Théorie : le viol en question

Ce qui frappe dans ce qui est raconté autour du viol, c’est l’exactitude et la profondeur de ce qu’on peut en ressentir des mois, mais aussi des années après. On a si souvent entendu qu’on se sentait sales juste après et parfois pour longtemps, ici on parle aussi de femmes qui s’évertueront à retrouver la virginité de ce qui leur a été pris. En d’autres termes, en couchant avec d’autres hommes, elles ne leur livreront pas ce qui a été abîmé, elles mettront alors une barrière qui laisse supposer qu’au fond, leurs violeurs ne leur a pas pris ce qu’elles parviennent à garder pour elles. Il a été souvent question de cela quand on évoque le viol : on abandonne le corps mais parfois, une part de soi peut tout de même nous appartenir : on ne nous aura pas tout pris. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, ça peut passer par la prostitution, à condition qu’elle ne soit pas subie.

King Kong Théorie : les abus de pouvoir mis à l’index

Du propre aveu de Marie Denardaud, l’une des comédiennes que j’ai eu la chance de rencontrer à la fin de la pièce, ce sont davantage les abus de pouvoir qui sont au coeur de la pièce.

D’aucuns diraient que cette pièce est féministe et ils n’ont évidemment pas tort, mais au fond c’est bien de cela dont il est question : les abus de pouvoir, fussent-ils faits par des hommes ou non. Mais en l’occurrence, oui.

En soulignant des comportements types à travers la pornographie par exemple, on s’aperçoit que finalement chez les hommes, rien n’est clair. On se dit alors : « ils passent leur temps à se regarder la bite, qu’ils s’enculent entre eux ! » En substance, c’est cela. Cette domination phallique prête à sourire quand on y pense, et pas que(eue).

King Kong Théorie : une mise en scène au service du jeu

Dans une mise en scène signée Vanessa Larré, Anne Azoulay, Marie Denardaud et Valérie de Dietrich tirent clairement leur épingle du jeu. En incarnant, littéralement, ces trois personnages qui sont faits de langage, de souvenirs et de mises en scène. Rien d’autre interfère entre elles et le public. C’est donc sur leur incarnation et sur la mise en scène que tout repose, une fois le texte posé. Ce texte, à la fois fluide et magnifiquement écrit, elles se le sont appropriées à la perfection : elles le vivent, le ressentent, nous le transmettent.

La mise en scène est au service du texte et fait en sorte qu’il devienne une pièce : la vidéo subjective est un formidable outil pour mieux rentrer dans l’intime de ces personnages féminins ; elle sublime et donne de la perspective à des situations, en particulier celle du King Kong. On ressort transportés par sa théorie, puisse-t-elle raisonner encore longtemps, car hélas, elle est encore trop vraie.

 

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