Georges&Georges : du comique au tragique.

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(c) Billetréduc

Eric Emmanuel Schmitt, très prolixe, revient sur les planches avec Georges et Georges : une comédie qui met sur le devant de la scène deux « fils de », et pas des moindres : Davy Sardou (déjà vu dans l’Affrontement) et Alexandre Brasseur. 

Une intrigue bien amenée

Georges et Georges est un vaudeville mettant en scène un univers complètement délirant, celui du célèbre auteur Georges Feydeau (Davy Sardou). Terriblement endetté, ce dernier souffre d’une inversion d’humeur. En clair, il exprime l’inverse de ce qu’il ressent : il pleure quand il a envie de rire, et inversement. Son épouse met tous ses espoirs dans la machine du Dr Galopin (Alexandre Brasseur), qui, grâce à de l’éléctromagnétisme, aurait les vertus de rétablir l’ordre des choses. La pièce débute bien, on rit à l’envi. Les personnages apparaissent rapidement sous leur vrai jour et on devine bien leur psychologie, ainsi que l’hypocrisie des gens face aux convenances. En effet, le seul espoir pour Feydeau d’effacer ses dettes, est d’intégrer l’Académie Royale du royaume de Batavia (si si vous avez bien lu). La reine doit lui rendre visite car elle s’est mise en tête que le rire prolongerait la vie. Son personnage est l’un des plus savoureux de la pièce. Toutefois, cette dernière prend un tout autre tour lorsque Feydeau subit les effets de cette machine venue du futur : il est alors confronté à ses fantasmes et à son double, un double affranchi de toutes les obligations de son rang. Il peut ainsi vivre la luxure, la débauche, en toute liberté.

Un tourbillon de folie

Dès lors que les doubles apparaissent, la pièce bascule indéniablement dans le laxisme. Tout est permis : un personnage qui se met à aboyer dès lors qu’il ressent une vive émotion, des allers et venues dans tous les sens, des personnages qui se pourchassent, des hallucinations en tous genres. Il est difficile de ne pas se sentir étranger à tout ce remue-ménage. Certes, la performance est remarquable car les comédiens se donnent au maximum pour relever le défi énergiquement mais au fond, on déplore que l’auteur se soit à ce point laissé aller à ces ressorts. D’ailleurs, on regrette également qu’Eric Emmanuel Schmitt ait eu recours à une ficelle bien connue du métier pour conclure sa pièce et expliquer ce vaste débordement. Si en effet, une telle explication justifie la folie qui a animé les différents personnages, elle demeure en revanche éculée.

La pièce se joue jusqu’au 4 janvier au Théâtre Rive Gauche.

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