En(tre) liberté et culpabilité

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Pierre Salvadori livre un dernier film absolument iconoclaste : une comédie à la fois cruelle et extrêmement touchante.

En liberté mais enchaîné.e.s

Mère d’un petit garçon, Yvonne (Adèle Haenel) est la veuve de Jean Santi (Vincent Elbaz), flic émérite et respecté de tous. Quand elle apprend que c’était un ripoux qui a fait injustement condamner un jeune d’une vingtaine d’années pour braquage, elle s’en veut terriblement de ne rien avoir vu. A la sortie de prison d’Antoine (Pio Marmaï), Yvonne se met à le suivre par culpabilité d’abord, par attachement ensuite, mais sans doute teinté de culpabilité.

Depuis sa remise en liberté, Antoine, innocent au moment des faits, a développé une rancoeur contre cette injustice. Cette rancoeur s’est progressivement muée en agressivité, une agressivité telle qu’il en est devenu violent et menaçant, ce qui  inquiète beaucoup sa compagne  Agnès (Audrey Tautou). D’ailleurs, il s’est mis à voler, ce pour quoi il avait été injustement inculpé, comme pour justifier sa privation de liberté durant toutes ces années.  Alors qu’elle est flic, Yvonne assiste passive à ses débordements. La veuve qui n’a pas su voir de quoi avait été capable son défunt mari estime qu’elle a une dette envers ce jeune homme, à l’époque innocent.

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En liberté et en amour

Auprès d’Yvonne, Louis (Damien Bonnard), collègue et ami du couple qu’elle formait avec Santi. Louis est un amoureux transi qui s’en est toujours caché du temps que son ami était encore en vie et durant les années qui ont suivi sa mort, par décence  pour sa mémoire et envers sa veuve. Pourtant, son rayon de soleil au commissariat, c’est elle. D’ailleurs, on assiste à une très belle scène  au cours de laquelle Louis avoue ses sentiments à Yvonne. Mais quid de ce quatuor entre Yvonne, Louis, Antoine et Agnès ? A cet égard, le film réserve bien des surprises, et c’est ce qui est si plaisant. Ne pas en deviner la fin avant l’heure.

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En liberté : un casting rêvé

Pio Marmai, Adèle Haenel, Damien Bonnard, Audrey Tautou : le casting du dernier Salvadori fait rêver. Si Audrey Tautou est plus discrète dans son rôle, on ne peut qu’apprécier la force des rôles tenus par le trio Pio Marmai, Adèle Haenel, Damien Bonnard. Ce dernier, révélé par Rester vertical, joue parfaitement juste et livre une belle partition. Bonnard le débonnaire se transforme en amoureux transi pour le rôle et on adore ça. Pio Marmaï est quant à lui à la fois hilarant et touchant, et on ne peut qu’être en totale empathie avec ce que vit Adèle Haenel dont on suit pas à pas les humeurs, les mouvements et les sentiments.

Sous ses airs tarantinesques, la comédie ovni de Salvadori est bien partie pour être, comme on peut le lire, partout LA comédie de l’année. Oui.

 

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