Adoration : aimer (à) la folie

Fabrice du Welz adoration

Quand on m’a invitée à la projection presse du dernier film de fabrice du Welz, j’avais peur d’assister à un film horrifique, un film du genre qui aurait pu me faire tourner de l’oeil au club de l’Etoile. Après en avoir discuté avec son scénariste, il s’est avéré qu’il n’en était rien. Et en effet, mes craintes n’étaient pas fondées : on assiste purement et simplement à la naissance et la manifestation de l’amour véritable.

La beauté de l’amour

Adoration est un pur bijou esthétique. Sa photographie nous plonge dans une nature luxuriante, et bien que tout y soit réel, tout semble fantastique. La citation de Boileau-Narcjeac, présente dans le dossier de presse, revêt alors tout son sens :

Il suffit alors d’un peu d’imagination pour que nos geste même les plus ordinaires se chargent d’une signification inquiétante. Pour que le décor de notre vie quotidienne engendre un monde fantastique.

 ADORATION Un film de FABRICE DU WELZ

Un amour qui fait fi de la folie

Ce qui est d’autant plus touchant et universel dans la grande histoire que nous dépeint Fabrice Du Welz c’est la pureté de cet amour-là. Gloria et Paul (Fantine Harduin et Thomas Gioria, qui a bien grandi depuis le très césarisé Jusqu’à la garde) se rencontrent dans une institution où Gloria séjourne pour des troubles psychiatriques. Elle qui semble si forte impressionne Paul : d’ailleurs, il tombe inexorablement sous son charme et ce presque immédiatement. Comme nous, spectateurs, il est captivé par l’aura de la jeune fille qui paraît tellement plus âgée que l’adolescente qu’elle n’est qu’alors. Paul semble la connaître telle qu’elle serait si elle n’avait ses crises, et à son contact, la jeune fille semble si « normale ». En réalité, l’amour se moque de la normalité et ses démons la rattrapent peu à peu. Non seulement Paul parvient  à les accepter mais surtout, à ne pas la juger ; à rester stoïque même lorsqu’il ressent cette peur, légitime, qui serait celle de n’importe qui au contact de la « folie », ou plutôt la paranoïa dans le cas de Gloria.

En réalité, Adoration nous donne à voir une histoire d’amour dans ce qu’elle a de plus essentielle, sa substantifique moelle.

L’amour ne doit être que beauté, calme et volupté. Dans les moments où Gloria n’est pas en proie à sa folie, c’est juste ça dont il s’agit. C’est une histoire d’amour, belle comme la nature, simple. Ce sont les hommes qui la dénaturent. L’amour n’a ni foi, ni loi. Et de l’aveu de son scénariste, Romain Protat, « Adoration, c’est juste une histoire d’amour ». Oui, et elle est portée par deux acteurs impressionnants et sublimée par une image qui nous emmène loin, très loin.

 

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